Tunisie : non au racisme et à toute division entre les travailleurs !
Éditorial
On ne peut être que révolté par les propos racistes tenus par le président tunisien Kais Saied à l’égard des ressortissants de l’Afrique noire et par la flambée de violence dont ils ont été par la suite victimes. Plusieurs centaines d’entre eux ont réussi à quitter précipitamment le pays. D’autres attendent toujours la peur au ventre devant leur ambassade et consulat que le gouvernement de leur pays leur vienne en aide. Ils seraient, dit-on, un peu plus d’une vingtaine de milliers d’Ivoiriens, Burkinabé, Nigériens, Maliens, Guinéens et autres nationalités à être venus en Tunisie pour y trouver du travail ou pour rejoindre l’Europe, de l’autre côté de la Méditerranée.
En propageant des propos haineux et xénophobes, le président tunisien cherchait des boucs émissaires pour détourner le mécontentement de la population la plus pauvre qui subit les effets de la crise mondiale. En Effet, le chômage, la vie chère et la misère s’aggravent dans le pays. L’alimentation (viande, œufs, huile) a vu ses prix exploser. Une pénurie touche les produits de première nécessité importés, le sucre, le café, le riz ainsi que les hydrocarbures. L’avenir est de plus en plus bouché pour la majorité pauvre de la population. Le gouvernement tunisien est en partie responsable de cette situation car sa politique en faveur de la minorité riche ne fait qu’enfoncer toujours plus de gens dans la pauvreté.
Le racisme, la xénophobie, le nationalisme ou l’ethnisme sont autant d’armes que les ennemis de la classe ouvrière (en Europe, en Amérique, en Asie comme en Afrique) utilisent pour diviser les travailleurs et les affaiblir dans la lutte qu’ils doivent mener collectivement contre l’exploitation. Cela ne date pas d’aujourd’hui et ce n’est pas seulement une question de couleur de peau car ce qui vient de se passer en Tunisie a eu lieu aussi en Afrique du Sud, il n’y a pas longtemps. Les discours anti-immigrés propagés par le pouvoir ont désigné les « étrangers » comme étant responsables de la montée de l’insécurité et du chômage. Ils ont poussé des noirs pauvres à chasser et tuer d’autres pauvres comme eux mais qui ont le malheur d’être venus de pays voisins en espérant trouver en Afrique du Sud un meilleur avenir pour eux et leurs familles.
En Côte d’Ivoire, combien de fois n’a-t-on pas vu des exactions, pour ne pas dire des massacres xénophobes contre des ressortissants nigériens, burkinabé et dans un passé un peu plus lointain, contre les ghanéens ? On a même vu des violences du même genre entre des habitants de ce même pays parce que des politiciens en compétition pour le pouvoir ont opposé des ethnies les unes contre les autres !
C’est sur le terreau de la misère que prospère ce genre de poison qui divise les pauvres et qui désamorce du même coup l’explosion de colère qui devrait normalement s’abattre contre les riches, contre les exploiteurs et leur système capitaliste. C’est ce système qui affame les travailleurs en maintenant les bas salaires et en aggravant les conditions de travail dans les usines et sur les chantiers. C’est lui qui est responsable du chômage et de la pauvreté dans laquelle est maintenue l’écrasante majorité de la population pour qu’une petite minorité de parasites et d’exploiteurs continue de baigner dans l’opulence.