Sénégal : Macky Sall, pompier pyromane !

12 février 2024

Après avoir effectué deux mandats présidentiels consécutifs, Macky Sall n’a visiblement pas envie de quitter le pouvoir. Dans un premier temps, il voulait faire un troisième mandat quitte à empiéter la constitution qui limite le nombre à deux. Il a commencé par écarter de son chemin les principaux candidats de l’opposition dont Ousmans Sonko, en les disqualifiant ou en les emprisonnant.

Devant l’ampleur de la mobilisation populaire derrière les partis d’opposition et le manque de ferveur dans son propre camp, Maky Sall a fini par renoncer au troisième mandat et a proposé comme poulain Amadou Ba qui est en même temps son Premier ministre. Mais, vu que les chances de ce dernier sont faibles selon les «observateurs» de l’opinion publique sénégalaise,  Macky Sall a trouvé  un prétexte pour continuer à occuper son fauteuil présidentiel.

Le prétexte trouvé est que le pays est en «crise», par conséquent l’élection prévue pour le 25 février 2024 doit être reportée sur le champ pour une date ultérieure afin de mettre le pays « sur la trajectoire démocratique », dit-il. Il s’est pris pour le sauveur suprême alors qu’il n’est qu’un pompier pyromane !

Aussitôt après cette annonce, les partis d’oppositions ont de nouveau mobilisé leurs partisans qui ont manifesté dans plusieurs villes du pays. En quelques jours, il y a déjà eu trois manifestants abattus par la police à Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor ainsi que de nombreux blessés. Il y a eu également de nombreuses arrestations arbitraires et comme dans toutes les dictatures, le gouvernement a aussitôt coupé le réseau Internet et les antennes de médias jugés favorables à l’opposition. Il les a rétablies  par la suite car cela n’a fait que mettre de l’huile sur le feu.

On assiste donc actuellement à un bras de fer entre le pouvoir et l’opposition. Celle-ci est vent debout  contre ce qu’elle a qualifié de « coup d’État constitutionnel ». Jusqu’à présent, l’armée et plus précisément les généraux sont restés loyalistes vis-à-vis du pouvoir, mais pour combien de temps encore ?  L’impérialisme français qui a d’énormes intérêts dans ce pays, ainsi qu’une base militaire permanente, reste aussi aux aguets.

Ce qui est sûr c’est que Macky Sall est devenu de plus en plus impopulaire. Il avait promis de lutter contre la vie chère, tout le monde se souvient de ces fameuses « 11 décisions applicables en 55 mesures pour alléger les souffrances de la population ». C’était en novembre 2022, mais la population a continué à souffrir de la flambée des prix et des loyers.

La jeunesse des quartiers populaires a aussi continué à galérer car le peu de choses qui ont été promises en matière de lutte contre le chômage, de création d’école de formation professionnelle et d’amélioration des conditions d’étude, etc. on été « oubliées ». C’est la même chose du côté de la lutte contre la corruption.

Les principaux candidats qui ont pignon sur rue prétendent avoir des « solutions » pour la jeunesse et les chômeurs, contre la corruption, etc. C’est la même musique que Macky Sall et avant lui, Abdoulaye Wade, avaient  joué lorsqu’ils étaient candidats. C’est dire que les jeunes des quartiers populaires, les chômeurs, les travailleurs et plus généralement tous ceux qui souffrent de la misère et de la vie chère, n’ont aucun intérêt à mettre leur avenir entre les mains de ces politiciens qui leur promettent monts et merveilles pour obtenir leur vote. Ils ne peuvent compter que sur leur mobilisation.