Sénégal : sous le vernis d’un « État de droit » à la sauce Macky Sall

12 novembre 2023

Après avoir tergiversé durant plusieurs mois sur sa décision de briguer un troisième mandat présidentiel (interdit par la constitution), Macky Sall a fini par abdiquer en désignant son Premier ministre Amadou Ba comme son dauphin.

L’élection présidentielle est prévue pour février 2024 mais le président a déjà préparé le terrain pour faciliter l’arrivée au pouvoir de son poulain. Il a écarté de la liste des concurrents celui qui semblait le plus gênant, Ousmane Sonko, candidat du PASTEF  (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité). Celui-ci a été de nouveau arrêté fin juillet 2023 notamment  pour  «appel à l’insur- rection» et «atteinte à la sûreté de l’État» ; à la suite de quoi son parti a été dissout et le gouvernement lui a retiré le droit de se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Mais la  «Commission Électorale  Nationale Autonome» (CENA, organisme chargé de valider les candidatures et de superviser la tenue des élections) a contredit la décision gouvernementale d’écarter la candidature d’Ousmane Sonko. Cela n’a pas plu au président Macky Sall qui a limogé sur le champ les membres cette commission et en a désigné d’autres.

Le 31 juillet 2023, à Zinguinchor, principale ville de la région de Casamance dont Ousmane Sonko est maire, il y a eu deux morts parmi les manifestants qui protestaient contre la mise à l’écart de leur leader.  Quelques semaines plus tôt, début juin 2023, lors de sa première condamnation pour « corruption de la jeunesses », les affrontements entre policiers et manifestants avaient déjà faits 16 morts d’après les autorités, une trentaine selon l’opposition.

En agissant ainsi, ce président montre son vrai visage de dictateur. Il emprisonne ses opposants ainsi que des journalistes pour des motifs bidon, il fait tirer sur les manifestants hostiles à son gouvernement.  Ce qui ne l’empêche pas de dire à tout bout de champ qu’il est un «démocrate» et que le pays qu’il dirige est un « État de droit» … à condition qu’on se plie à son bon vouloir.