Signature de paix entre la rébellion touareg et l’État… et après ?
Mali
Le 20 juin, réunis à Bamako sous l’égide de l’Algérie, les principaux dirigeants de la rébellion touareg ont signé un « accord pour la paix et la réconciliation » avec l’État malien. Combien de temps durera cet accord ? Comment seront mis en œuvre sur le terrain les différents points de cet accord ? Personne ne peut le dire ; d’autant moins que ce n’est pas la première fois que les dirigeants de l’État malien et ceux de la rébellion au nord du pays signent ce genre de papier sans que cela aboutisse à quelque chose de vraiment concret et positif pour les populations.
Le Président malien qui a chapeauté la cérémonie finale de la signature a lui-même modifié son vocabulaire en l’espace de quelques semaines. Au tout début des négociations, lorsque quelques dirigeants politiques et militaires de la rébellion ont commencé à accepter de s’asseoir autour d’une table avec ceux de l’État malien, IBK parlait alors d’accord « historique » et du retour à une « paix totale et définitive ». Mais ce 20 juin, après la cérémonie de la signature, il s’est contenté de faire un vœu sur un « accord durable ».
Il n’y a en effet pas de raison particulière que ce nouvel accord connaisse une fin différente de celle des accords passés. Les mêmes causes produiront inéluctablement les mêmes effets. Les dirigeants des divers mouvements de la rébellion touareg qui ont accepté de signer vont obtenir des compensations sous diverses formes : postes lucratifs dans l’administration, grades et autres avantages en nature au sein de l’appareil militaire dans lequel ils vont être intégrés, postes d’élus locaux bénéficiant des salaires élevés, logements de fonctions, voitures et autres employés de maison aux frais de l’État, etc. Ceux-là vont s’engraisser et finiront par faire des jaloux parmi les dirigeants de second niveau qui n’auront reçu que des miettes. Le moment venu, ces derniers revendiqueront leur part du gâteau. Mais comme il n’y en aura pas pour tout le monde, ils finiront par reprendre les armes. C’est de cette manière que tous les accords précédents ont fini par devenir des bouts de papier sans valeur.
Du côté de l’État malien, même si en théorie il existe une certaine « continuité » dans les accords et les engagements signés par l’État, dans la réalité les choses sont différentes. Lorsqu’un pouvoir est renversé par un coup d’État ou à la suite d’une élection, la seule « continuité » qui est maintenue c’est celle de la dilapidation des caisses de l’État à des fins personnelles.
Les populations du nord-Mali qui ont souffert durant des années de cette guerre dans leur région, souhaitent ardemment que la paix revienne pour qu’elles puissent de nouveau cultiver leurs petits lopins de terre ou faire paitre leur bétail sans risquer d’être abattues ou pillées par les bandes armées. Ceux qui ont fui la guerre pour aller se réfugier loin de leur région d’origine ont hâte d’y revenir. Tous ces gens-là souhaitent le retour à une situation de paix mais ils n’ont aucune de raison de compter sur ce cinéma autour des derniers accords de Bamako.