Toliara et ses environs face à la dégradation climatique et à la pauvreté engendrée par le capitalisme

26 octobre 2015

Madagascar

Le réchauffement climatique, sujet de la prochaine conférence COP 21, est en grande partie la conséquence de l’activité industrielle telle qu’elle est organisée par les entreprises capitalistes, sans le moindre souci des conséquences néfastes sur les travailleurs, la population et la planète. Ces multinationales sont essentiellement originaires des pays riches, mais c’est pour la population des pays pauvres que leurs effets sont les plus désastreux. C’est le cas à Madagascar, pays classé à la fois comme l’un des plus pauvres du monde et comme l’un de ceux qui sont le plus soumis aux aléas climatiques. Alors que ses émissions de gaz à effet de serre sont marginales (2,1 millions de tonnes de CO2 rejetés en 2013 dans l’atmosphère contre 344 millions pour la France), Madagascar connaît l’intensification des cyclones, un allongement de la durée des sécheresses, la dégradation du littoral et des sols. Les moindres tempêtes, les sécheresses prolongées, prennent des allures de catastrophes.

Pour faire face aux crues du cours d’eau Fiherenana, le responsable a en tout et pour tout un Zodiac. Une digue n’a pu être construite que grâce à l’argent de la banque mondiale. Plus loin le sable envahit tout et il faut reconstruire sa maison dans un autre site. Les gens vendent leur bétail et leurs biens, sont réduits à se nourrir de racines de plantes sauvages. La déforestation est catastrophique. Elle est due au fait que, faute de bombones de gaz à prix abordable, d’électricité d’origine hydroélectrique ou autre, la population n’a d’autre source d’énergie pour satisfaire ses besoins de base tel que la cuisson des aliments, que d’utiliser du bois sous forme de fagots ou de charbon, procuré sur les étals des marchés ou le long des rues. Alors même qu’il y a du charbon de terre : mais il est destiné à l’exportation comme celui de la mine de la Sakoa que le gouvernement a vendu à une société privée.

Il en est de même dans le domaine de la santé : une plante appelée l’Artémisia Annua est très prisée par les trusts pharmaceutiques pour ses vertus antipaludéennes. Elle est produite dans cette région, mais le paludisme fait des ravages au sein de la population pauvre à chaque saison des pluies, qui est aussi celle des moustiques vecteurs de cette épidémie. Les médicaments produits avec les extraits de cette plante sont hors de portée de leurs maigres revenus.

La Spiruline, une microalgue cultivée dans des petites fermes d’aquaculture situées à plusieurs endroits autour de cette ville de Toliara, est vendue comme « complément alimentaire » dans les rayons de parapharmacie des grandes villes de France et d’autres pays riches. Elle est connue pour contenir de précieuses vitamines et des minéraux dont auraient certainement besoin les corps chétifs des enfants de cette province de l’ « Atsimo-Andrefana », périodiquement victimes du « kéré », nom local de la famine.

Et le plus rageant, c’est que la solution est à portée de main. Le journal « Le Monde » rapporte que des jeunes malgaches, armés de Google Earth, voient très bien comment dévier un cours d’eau pour amener l’eau où il faut, mais « il nous faudrait juste un peu d’argent, et cela changerait tellement la vie des gens ».

Le problème n’est pas technique,, il n’est pas climatique, il est social et économique. Il a pour responsable l’organisation capitaliste de la planète.

Les États riches vont discuter gravement des changements climatiques, dûs en partie au moins à la pollution dont sont responsables leurs propres multinationales. Mais aucun ne donnera les 38 milliards d’euros nécessaires pour que Madagascar puisse faire face aux conséquences de ces dérèglements climatiques.

Quant aux autorités locales, elles n’ont pas pour fonction ni pour objectif de tenter d’améliorer la vie de la population. Si c’était le cas, cela se verrait, elles sont là pour s’enrichir sur le dos de la population tout en maintenant un ordre social inique qui sert avant tout les intérêts d’une poignée de compagnies multinationales.

Quant aux ONG qui interviennent sur place en aidant à creuser un puits ici, en prêchant là une gestion durable de la terre, elles ne font que proposer aux paysans de s’adapter à leur pauvreté, sans remettre le moins du monde en cause l’ordre social.

On pourra discourir à l’infini sur les dérèglements climatiques, on pourra s’évertuer à trouver des solutions alternatives : tant que l’on ne s’attaquera pas au capitalisme, à la racine du mal, il n’y aura pas d’avenir pour la population pauvre de Madagascar, ni d’ailleurs.