Un référendum bidon

10 mai 2016

SÉNÉGAL

Le 20 mars dernier, à l’initiative de l’actuel président Macky Sall, la population sénégalaise a été appelée à participer à un référendum portant sur la révision de la Constitution. Le gouvernement a mis le paquet pour convaincre les habitants de voter « oui ». La télévision et les autres médias de l’État ont été largement mis à contribution pour matraquer les gens, pour leur faire croire que s’ils votent pour le « oui » ils auront de « nouveaux droits », comme celui de pouvoir « vivre dans un environ-nement sain », etc.

Mais le principal point de ce référendum porte sur la réduction des prochains mandats présidentiels de 7 à 5 ans. Rappelons que lors de la dernière campagne électorale pour l’élection présidentielle, Macky Sall avait promis que s’il était élu, il modifierait la constitution pour instaurer le quinquennat et qu’il l’appliquerait sur lui-même. Une fois élu, il a « oublié » cette promesse en disant qu’il veut finir d’abord ses sept ans et ensuite seulement la modification s’appliquera à son successeur ou à lui-même s’il est réélu. « L’appétit vient en mangeant » dit-on, et Macky ne tient pas à « faire cadeau » de deux années de pouvoir.

Les partis d’opposition ont mobilisé leurs troupes pour appeler à voter le « non » en disant qu’en votant « oui » on approuverait la politique de Macky, ce en quoi ils n’ont pas totalement tort. Ils ont aussi protesté contre le quasi monopole des médias d’État par les tenants du « oui » et dénoncé les pratiques frauduleuses du pouvoir et l’achat de voix. Des dirigeants appartenant au clan de Macky ont sillonné les quartiers populaires et ont distribué des billets de 5000 francs Cfa pour convaincre les gens de voter « oui ».

Malgré tout cela, seuls quatre électeurs sur dix ont participé à ce référendum où le « oui » l’a emporté avec plus de 62%. Macky n’est pas le premier à renier ses promesses. On se souvient de nombreuses promesses de Wade sur la création d’emplois pour les chômeurs, sur la fin de la guerre en Casamance, sans parler de la limitation du mandat présidentiel au nombre de deux, qu’il n’a pas tenue. Les présidents se succèdent et se ressemblent.