La guerre est loin d’être finie

21 février 2014

Mali

Le nouveau président « élu », Ibrahim Boubacar Keita (IBK) était à Paris pour remercier son protecteur, le représentant de l’impérialisme français François Hollande qui l’avait aidé à rétablir la «stabilité » au Mali. IBK s’apprêtait à lire un discours à l’Elysée sur la « paix » revenue dans son pays lorsque trois événements graves qui se sont déroulés en son absence l’ont obligé à écourter son séjour et à précipiter son retour.

Le 28 septembre, deux civils ont été tués et six soldats blessés à Tombouctou lors d’un attentat-suicide contre un camp de l’armée malienne, selon la Minusma (Mission de l’ONU au Mali). Les autorités à Bamako parlent, elles, de « deux civils et quatre terroristes tués sur le coup» et « d’importants dégâts matériels ». En tous cas, l’attentat-suicide a été revendiqué par Aqmi (Al Qaida au Magrheb islamique).

Le 29 septembre à Kidal, un affrontement armé a eu lieu entre l’armée malienne et des éléments du Mouvement national de la libération de l’Azawad (MNLA). Il a fallu l’interposition de la Minusma entre les deux camps, pour faire cesser les hostilités mais la tension demeure vive, ce qui inquiète beaucoup la population.

Rappelons que trois jours avant ce bras de fer, la Banque malienne de solidarité, gardée par des militaires, a été attaquée à la grenade par des inconnus mais le gouvernement soupçonne le MNLA. Des renforts sont arrivés à Kidal mais les responsables de ce mouvement n’auraient pas apprécié, semble-t-il, ce renforcement car ils considèrent la région comme leur fief. Le MNLA pense que Bamako doit l’informer des décisions importantes. Il estime que Bamako n’a pas respecté l’esprit de l’ « accord préliminaire » signé le 18 juillet dernier à Ouagadougou pour permettre, entre autres, le bon déroulement de l’élection présidentielle à Kidal et ses environs.

Le pouvoir vient de faire un geste envers les rebelles : la libération de 23 militants touaregs détenus à la prison de Bamako comme prisonniers de guerre. Aux dernières nouvelles, MNLA et HCUA ont accepté la « main tendue » d’IBK pour renouer le dialogue à Ouagadougou. Mais les autres mouvements comme Al-Qaida, Mujao ou An Sardine disent qu’ils ne sont pas concernés par l’accord de Ouagadougou. Le 7 octobre on apprend par les ondes que la ville de Gao a aussi subi une attaque armée dont on ne connait encore ni le nombre de victimes ni les responsables.

Une des raisons qui ont poussé IBK à écourter son voyage à Paris c’est aussi le mouvement de mécontentement qui a lieu au sein même de son armée. IBK a en effet de quoi être inquiet car un tel mouvement au sein de son appareil de répression peut très vite se transformer en un putsch comme lors de l’éviction de son prédécesseur ATT en mars 2012.

Tous ces événements montrent bien que la guerre est loin d’être terminée au Mali et que la situation au sein même de l’Etat malien est loin d’être rétablie.